Jean-Michel Blanquer, le (boni)menteur de la République
Le 13 novembre dernier, suite au suicide de notre collègue Christine Renon (dont la Direction Académique de Seine-Saint-Denis vient de reconnaître qu’il était « imputable au service »), notre bon ministre se fendait d’un communiqué de presse (que l’on peut encore lire ici) pour annoncer qu’il avait « lancé un ensemble de travaux et de réflexions destinés à répondre aux enjeux et difficultés que peuvent rencontrer les directeurs d’école dans l’exercice de leur métier. » Il avait alors « annoncé une série de premières mesures en attendant des mesures plus importantes et plus structurelles qui seront prises après concertation. »
Alors on résume :
Premier (boni)mensonge : « Afin d’alléger immédiatement certaines tâches des directeurs, un moratoire a été décidé, jusqu’à la fin de l’année civile, sur toutes les enquêtes pour lesquelles ils auraient pu être sollicités. » Ah, tiens, mais c’est ballot, ce fabuleux cadeau (pensez : pas d’enquête pendant un mois et demi ! C’est Byzance !) s’accompagnait… D’une enquête !!!
En effet, ce même jour, « un questionnaire a été adressé à tous les directeurs d’école. » Ah, tiens, mais c’est ballot… Ce « questionnaire » (fort orienté, entre nous soit dit) ne s’apparenterait-il pas à une enquête ? Dommage pour le « moratoire ».
Deuxième (boni)mensonge, Le communiqué indiquait que ce questionnaire avait été « concerté avec les organisations syndicales. » Ah bon ? On aimerait savoir lesquelles, et quand cette concertation a eu lieu… Et ça s’enchaîne avec un troisième (boni)mensonge : « la restitution des conclusions de ce questionnaire fera l’objet d’une concertation avec les partenaires sociaux, prévue le 17 décembre. » On attend toujours…
Et juste après, on entre dans le dur : du (boni)mensonge de haut niveau. « Pour faciliter la fin de l’année, une journée supplémentaire de décharge a été allouée, pour tous les directeurs d’école, sur la période novembre – décembre 2019. » Là encore, un beau cadeau de Noël. Une journée de décharge en plus. Le paradis. Seul souci : on n’en a pas vu la couleur.
Et on termine avec le plus beau. Du (boni)mensonge de compétition. « Des groupes départementaux de consultation et de suivi seront mis en place avant la fin de l’année civile. Ces groupes seront réunis régulièrement pour permettre d’identifier des pistes d’allègement de tâches administratives et s’assurer du suivi des mesures d’amélioration des conditions de travail et des missions des directeurs. Ils seront pilotés par les DASEN, auxquels seront associés les représentants des organisations syndicales et des représentants institutionnels. Des élus locaux seront associés à ces travaux en fonction des thèmes abordés. » L’année civile est finie… Il y a bien eu « des réunions de directeurs d’écoles volontaires (…), dans toutes les circonscriptions », comme promis. Ah, non, pardon, le mot « volontaires » a sauté en route. Mais de « groupes départementaux de consultation et de suivi », pas l’ombre.
C’est peu dire qu’on attend avec impatience les « mesures plus importantes et plus structurelles » annoncées au début. Et quand le même nous promet des augmentations immédiates, une vraie revalorisation salariale (sur 22 ans !!!), et une compensation intégrale de nos futures pensions… C’est sans doute étonnant, mais on a du mal à avoir « confiance ».
Le boniment, ça suffit, on veut des actes. Le premier, c’est le retrait de la contre-réforme des retraites. Et c’est maintenant.
Le deuxième, c’est le départ du (boni)menteur. Les enseignant•es et les élèves méritent un vrai ministre, pas un joueur de bonneteau.