Jean-Michel Blanquer veut faire de son enquête auprès de la profession une « base de discussion ». Fort bien, sauf qu’il a oublié de poser quelques questions qui ont aussi tout leur intérêt à l’heure où les conditions d’exercice du métier se dégradent, où se discute une réforme des retraites particulièrement pénalisante pour les PE et où les perspectives de revalorisation salariale en restent à l’état d’annonces.
Le SNUipp-FSU propose donc son questionnaire additionnel et ne manquera pas d’en faire valoir les résultats.
A ce sujet: Déclaration liminaire à la CAPD du 5 mars du SNUipp04
Jean-Michel Blanquer avait annoncé la mise en place d’un questionnaire de consultation des enseignants. Un subterfuge de plus pour passer en dessous des représentants des personnels. Nous l’attendions avec impatience, certains que notre Ministre allait encore nous régaler. Notre attente n’a pas été déçue.
Nous avons certes pu découvrir 43 questions dans le détail desquelles nous n’entrerons pas, même si elles offrent matière à discussion et à critique. Nous avons surtout immédiatement constaté que cette enquête était accessible à tout un chacun, enseignant ou non, et qu’elle pouvait être renseignée plusieurs fois par la même personne.
Compétence, sérieux, rigueur… Comme pour la réforme des retraites : bricolage d’amateur. Vite fait, mal fait.
En s’appuyant sur des chiffres parfaitement fallacieux par essence puisque rien ne permet d’assurer que ce sont bien des enseignants qui ont répondu ou que ce n’est pas parfois le même enseignant qui a répondu 230 fois au questionnaire…. Mr Blanquer pourra se targuer de son intérêt pour les enseignants, et dire que, décidément, ceux-ci souhaitent justement ce qu’il projette de mettre en place.
Les enseignants sont habitués à ce que Mr Blanquer les méprise et ils n’attendent rien de cette consultation qui permettra encore une fois au Ministre de s’offrir un « moment-médias ». Ils le savent : celui-ci espère encore une fois parler, parler, parler sans qu’aucun journaliste ne le confronte aux faits. Ils y sont habitués désormais avec la question de la retraite par points pour laquelle nul journaliste n’a rétorqué au Ministre qu’une prime annuelle brute de 1500 euros amènerait dans le nouveau système 1,74 euros de retraite mensuelle brute, ce qui sera loin de compenser, au bout de 43 ans de travail, la perte de 30% de pension promise aux jeunes enseignants – et que c’est 10 milliards PAR AN qu’il faudrait pour compenser les pertes de retraite des enseignants.
Communiquer donc, sans écouter. Etre sourd au bruit de la rue, puisque les personnels de l’Education Nationale ont manifesté massivement pour défendre leurs retraites ou défendre encore une fois leurs élèves au travers de l’épisode ubuesque des E3C en lycée… Etre sourd aux revendications des syndicats et au flot de détestation qui envahit les réseaux sociaux.
Le Ministre veut savoir ce que les enseignant.es pensent? On peut le lui dire sans détours. Ils ne supportent plus sa communication, n’ont pas confiance en lui et finissent par l’exécrer. Le dialogue est rompu définitivement et ce n’est pas par des stratagèmes ineptes et des ficelles grossières qu’il parviendra à le rétablir. Ils le voient tel qu’il est : sourd et manipulateur. Méprisant, sans aucun doute. En Marche, en somme.