Devant la gravité de la situation, les organisations syndicales représentatives du public et du privé, de l’enseignement agricole et les Stylos rouges, après de nombreuses alertes au Ministre le Ministre, déposent un préavis de grève sur le mois de juin. Elles appellent tous les personnels à poursuivre les actions locales, à se réunir en assemblées générales pour organiser la grève le 17 juin, premier jour des épreuves du baccalauréat, et décider des suites, pour :
– une revalorisation des rémunérations ;
– le retrait des réformes des lycées et du baccalauréat ;
– le retrait des projets de loi « école de la confiance » et « Fonction publique ».

Voici le texte de la tribune de Frédérique Rolet, secrétaire générale du SNES-FSU :

« Le 17 juin, jour des premières épreuves du baccalauréat, philosophie pour les terminales, français pour les premières, le Snes-FSU, avec d’autres ­organisations syndicales, appelle les enseignants du second degré à faire grève. Cette ­modalité d’action est ­exceptionnelle et se veut à la mesure de la gravité de la situation. Fruit d’une consultation et de débats dans les établissements, cette décision arrive au terme d’un long processus qui a vu les lycéens se mobiliser, les personnels faire grève, manifester, souvent avec les parents d’élèves, se rassembler devant les établissements, écrire aux parlementaires… contre la bien mal nommée loi ‘pour une école de la confiance’, la réforme du lycée et du baccalauréat, et pour lever l’ambiguïté des promesses sur la rémunération des enseignants.

Peut-être trop polis et respectueux de leur hiérarchie pour être écoutés, toujours soucieux de leurs élèves, ils n’ont obtenu que mépris et fins de non-recevoir. De la confiance, maître mot de cette politique éducative, les enseignants n’en éprouvent plus, et depuis longtemps.

Les lignes de force du projet éducatif porté par Jean-Michel Blanquer sont l’autoritarisme et l’inégalité

Les lignes de force du projet éducatif porté par Jean-Michel Blanquer sont l’autoritarisme et l’inégalité : inégalité territoriale ­accrue par l’implantation des ­formations selon les lycées, inégalité ­sociale des dispositifs de sélection instaurés par ­Parcoursup, réduction des finalités de l’école à l’acquisition des savoirs fondamentaux pour les jeunes de ­catégories populaires, le tout mâtiné ­d’injonctions sur la pédagogie et d’insistance sur le devoir ‘d’exemplarité’ des personnels de l’Éducation. Cela a le mérite de la cohérence.

Il s’agit de l’avant-dernier bac avant la réforme. La part réservée au contrôle continu précipitera sa transformation en ‘bac maison’. Tous ceux qui, hypocrites, condamnent l’action des enseignants en appelant à la sauvegarde du bac devraient y regarder à deux fois.

Les professeurs feront cette grève pour pouvoir continuer à exercer leur métier à l’abri des logiques ­managériales ­funestes

Le Snes-FSU a très vite mis en garde le ministre, fait des propositions sur les programmes, demandé un moratoire sur la réforme du lycée, avec comme seule réponse une communication méprisante et agressive.

Les chefs d’établissement eux-mêmes font, plus ou moins ouvertement, part de leurs inquiétudes devant la complexité engendrée par la réforme du lycée : comment concevoir les emplois du temps des élèves et des professeurs? Comment organiser des ‘partiels’ qui, des semaines durant, nuiront à la continuité des apprentissages et déstructureront l’année de terminale dès le mois de mars? Les choix de structure de la classe de première sont faits. Tout le reste est encore en suspens et peut être infléchi : nombre de spécialités en terminale, organisation du bac, programmes…

La menace est grande. Elle touche élèves et parents, livrés à eux-mêmes dans un système où survit le plus fort, mais aussi les professeurs, méprisés et réduits au rôle de simples exécutants. C’est donc contraints par le refus du ministre de tout dialogue que les professeurs se mettront en grève le 17 juin, non pour pénaliser leurs élèves, mais pour leur assurer la meilleure éducation possible, un diplôme national ne fermant pas les portes à certains du fait de leur ­origine sociale ou territoriale. Ils feront cette grève pour pouvoir continuer à exercer leur métier à l’abri des logiques ­managériales ­funestes pour les équipes éducatives et pour ­travailler à partir de contenus ­réellement formateurs.

Si l’épreuve est perturbée, menant à son annulation et à la reconvocation des élèves, le ministre en portera l’entière responsabilité. »