l’Éducation nationale peut mieux faire (Cour des comptes)
L’éducation nationale dispose de « moyens suffisants » mais « mal mis en valeur et peu pilotés » pour la formation continue des enseignants, estime la Cour des comptes mardi. Avec 730.000 journées de formation dans le premier degré et plus de 970.000 dans le second degré lors de la dernière année scolaire, les enseignants français ont bénéficié en moyenne de 3 jours et demi de formation, contre huit jours par an en moyenne dans les pays de l’OCDE.
« Les enquêtes conduites par les organisations internationales comme par les organisations syndicales révèlent un scepticisme, très majoritaire parmi les enseignants, sur l’aide que leur apportent ces formations dans leur travail quotidien », souligne la Cour dans un « référé », rapport adressé par son premier président, fin janvier, à la ministre de l’Education et publié mardi. Le montant dépensé pour la formation continue des enseignants n’est « pas négligeable » selon la Cour, qui l’estime à un peu plus d’un milliard d’euros en 2012. Le ministère, juge-t-elle, dispose de « moyens suffisants » mais « mal mis en valeur et peu pilotés ». Les sages de la rue Cambon font trois recommandations. Il faut, selon eux, « établir un lien plus étroit entre le parcours de formation des enseignants et les caractéristiques de leurs postes d’affectation et, à cet effet, améliorer le suivi statistique et individuel ». Ils appellent aussi à « veiller à ce que l’offre de formation continue des Ecoles supérieures du professorat et de l’éducation (ESPE) », créées à la rentrée 2013, « soit effective, et qu’elle soit adossée à la recherche universitaire et construite en lien étroit avec les besoins concrets exprimés par les enseignants et les corps d’inspection », alors que ces écoles se sont pour l’instant davantage concentrées sur la formation initiale. Ils demandent par ailleurs à l’institution de « respecter la réglementation en vigueur sur les frais de déplacement des enseignants participant à la formation continue, en dégageant si nécessaire les crédits par redéploiement ». Car l’enquête de la Cour a révélé que certaines dispositions réglementaires « n’étaient pas appliquées, au détriment des possibilités de formation des enseignants. C’est le cas, en particulier, des règles relatives au remboursement des frais de déplacement, de restauration et d’hébergement occasionnés par la formation continue ». Cette situation « place les rectorats dans une situation de forte insécurité juridique ». Si des enseignants engageaient « massivement des procédures de recours, les académies seraient, en effet, susceptibles de devoir verser des montants conséquents, non provisionnés à ce jour ».