Second degré
Le document d’appui au rendez-vous professionnel, présenté jeudi 15 septembre 2016 par le ministère de l’Éducation nationale dans le cadre de la réforme de l’évaluation des enseignants (lire sur AEF), est « inacceptable », écrivent trois syndicats d’enseignants du secondaire de la FSU (Snes, Snep et Snuep) dans un communiqué, lundi 19 septembre. Les syndicats estiment qu’il « ne permettrait pas d’évaluer la réalité du travail enseignant ». Ils demandent un « barème chiffré » dans le « compte rendu d’évaluation » et davantage de crédits pour la formation continue. Par ailleurs, le Snuipp-FSU publie les résultats d’une consultation sur les nouvelles propositions du ministère. Opposée à ce que seul l’avis de l’IEN soit pris en compte pour l’accélération de carrière, une majorité d’enseignants est en désaccord avec le contenu du « bilan professionnel » et ne souhaite pas qu’il soit envoyé à l’IEN.
« Le bilan professionnel que le ministère entend rendre obligatoire avant chaque inspection est inacceptable », estiment trois syndicats de la FSU (Snes-FSU, Snep-FSU et Snuep-FSU) dans un communiqué, lundi 19 septembre 2016, trois jours après un nouveau cycle de négociations sur l’évaluation des enseignants entre les syndicats et le ministère de l’Éducation nationale (lire sur AEF).
Sur l’accompagnement des enseignants : Les trois syndicats demandent « l’augmentation des crédits » alloués à la formation continue et « son élargissement aux domaines didactiques et pédagogiques ». Le syndicat prévient que « sans effort conséquent pour renforcer et développer la formation continue, les projets sur l’évaluation ne seront que vœu pieu ».
Sur le « document d’appui au rendez-vous professionnel » : Ils estiment que ce document « conduirait inévitablement à survaloriser les activités périphériques à l’acte d’enseignement » et « ne permettrait pas d’évaluer la réalité du travail enseignant.
Sur le « compte rendu d’évaluation professionnelle », ou « grille d’évaluation » : les syndicats de la FSU réclament un « barème chiffré » afin de « rendre le plus objectif possible le classement des personnels » qui bénéficieront ou non d’une accélération de l’avancement de carrière. Pour le Snes, le Snep et le Snuep, l’introduction de la notion de mérite dans l’évaluation « met les personnels en concurrence ».
Selon les syndicats, le compte rendu « risque de détourner l’évaluation du cœur de métier » et « distingue encore insuffisamment ce qui relève des prérogatives du chef d’établissement et celles de l’inspecteur ».
87,6 % des PE souhaitent que l’inspection soit mieux cadrée
1er degré :
Le Snuipp pour une évaluation formative
Dans son analyse des résultats de la consultation, le Snuipp interpelle le ministère, qui est selon lui « à la croisée des chemins » et « doit répondre aux besoins de la profession ».
Le syndicat défend une évaluation « formative » :
• « qui accompagne, conseille et aide les enseignants des écoles à faire et à réinterroger leur métier »
• « déconnectée de la carrière » pour éviter toute « mise en concurrence des personnels »
Le Snuipp-FSU publie par ailleurs les résultats d’une consultation lancée auprès des enseignants du premier degré (1). Sur les plus de 10 000 répondants, la majorité d’entre eux ne sont pas satisfaits du dispositif actuel d’inspection (38,8 % jugent le dispositif insatisfaisant, 42,81 % plutôt insatisfaisant) et 87,6 % souhaitent que l’inspection soit mieux cadrée nationalement, notamment en termes de délais, de documents à présenter et de procédure de recours en cas de désaccord.
Voici les principaux résultats de la consultation au sujet de l’évaluation des enseignants :
À la proposition « Le ministère prévoit que seul l’avis de l’IEN soit pris en compte pour accélérer la carrière de 30 % des collègues au 6e et au 8e échelon », les enseignants du premier degré sont :
• Pas du tout d’accord à 46,46 %
• Plutôt pas d’accord à 34,93 %
• Plutôt d’accord à 9,83 %
• Sans avis à 7,01 %
• Tout à fait d’accord à 1,77 %
Le contenu du bilan personnel et la pertinence de l’envoyer à l’IEN questionnés
Sur le bilan professionnel (lire sur AEF), le Snuipp demande aux enseignants s’ils sont d’accord ou non avec le contenu du document que l’enseignant pourrait avoir à finaliser 15 jours avant sa rencontre avec l’IEN. Les réponses « pas du tout d’accord » et « plutôt pas d’accord » rassemblent 77,33 % des répondants. Près de 20 % des enseignants (2 113 personnes) sont toutefois « tout à fait d’accord » ou « plutôt d’accord » avec ce contenu.
Sur la pertinence d’envoyer ce document à l’IEN, sur 10 644 réponses, les enseignants sont :
• Tout à fait d’accord 3,10 %
• Sans avis 7,79 %
• Plutôt d’accord 16,41 %
• Plutôt pas d’accord 26,96 %
• Pas du tout d’accord 45,73 %
Les avis sont plus nuancés sur l’utilisation du bilan professionnel comme d’un guide à l’entretien : 55,37 % sont d’accord (plutôt et tout à fait d’accord), contre 36,58 %. 8,05 % sont sans avis.
Avis partagés sur les critères d’évaluation
Quant aux nouveaux critères d’évaluation censés remplacés la note pédagogique, les avis se partagent sur l’assertion « les critères sont adaptés à notre métier ». En effet :
• 31,75 % s’affirment « plutôt pas d’accord »
• 31,23 % sont « plutôt d’accord »
• 19,85 % sont « sans avis »
• 14,06 % ne sont « pas du tout d’accord »
• 3,12 % sont « tout à fait d’accord ».
En outre, encouragés à donner leur avis sur l’affirmation « les critères ne sont pas assez centrés sur le travail en classe », les enseignants du premier degré sont :
• 42,49 % à être plutôt d’accord
• 22,35 % sans avis
• 16,71 % à être tout à fait d’accord
• 15,40 % à être plutôt pas d’accord
• 3,05 % à être pas du tout d’accord
Par ailleurs, environ 85 % des répondants (9 128 sur 10 717) sont d’accord avec la définition du rôle de l’inspection telle que proposée par le Snuipp, à savoir : « le rôle de l’inspection, c’est avant tout un moyen d’accompagnement et de conseil pédagogiques ». Ils sont également une majorité (81 %) à penser que l’inspection est un moyen de contrôler que l’enseignement dispensé est conforme aux programmes.
(1) Selon les questions, entre 10 000 et 11 000 enseignants ont répondu. L’enquête a été menée en 5 jours.