Signature imminente

L’IA, sans sembler être emballé, s’apprête à signer pour les Alpes de Haute-Provence une « convention ruralité » (avec plus de vingt conventions déjà signées en France, ça la fichait mal qu’un des départements les plus ruraux de France s’en affranchisse).

Ces conventions proposent un nouveau cadre formel dont le but ultime est de fermer les petites écoles rurales en créant des RPI concentrés, sous un vernis de concertation et de démocratie forcément participative puisque les maires, par le biais de leurs associations d’élus sont signataires avec l’État, le département et l’Éducation Nationale de ces conventions, le tout naturellement, cela va sans dire, au nom du « maintien d’une offre pédagogique et éducative de qualité dans les territoires ruraux et de montagne ».

L’absence de conventions n’a jamais empêché les décisions de fermetures, alors pourquoi les mettre en place ?

Pour en finir avec les manifestations de parents et d’usagers sous les fenêtres de l’académie et de la Préfecture : si les maires ont signé en amont, comment se mobiliser ?

Parce que l’heure est au lean management : via un simulacre de concertation, on casse le service public en nous assurant non seulement que c’est pour notre bien, mais que c’est nous qui l’avons voulu.

Les maires ruraux, réunis en congrès national en octobre 2016, ne s’y sont pas trompés : ils fustigent une « méthode infantilisante et cynique », rappellent que les représentants des maires n’ont « pas de délégation de signature » pour ces conventions, et appellent, dans le souci de dynamiser le tissu rural à renoncer à la logique de concentration scolaire.

La douzième recommandation du rapport Duran préconise de « faire de la liaison école-collège le cadre naturel du travail à plus long terme de réorganisation du maillage scolaire avec le collège de territoire ». Le 04 sera-t-il en pointe là-dessus ? La délocalisation des CM des écoles primaires vers leurs collèges de rattachement est à l’étude pour certains collèges ruraux (La Motte du Caire, Seyne). On voit mal comment cela sauvera les écoles rurales… Au contraire même puisque la voie sera ensuite ouverte (au prétexte d’économies et de cohérence pédagogique) pour que ce soit l’ensemble du primaire qui déménage dans les collèges !

L’Inspection Académique du 04, face à la pression de certains syndicats, de certains élus et des parents, n’affiche plus que des ambitions modestes (créer un RPI dispersé en 2017, un RPI concentré en 2018, l’un et/ou l’autre en 2019). Mais pour combien de temps ? Signés pour des périodes renouvelables de trois ans, soumis à l’aléa du calendrier électoral, de la valse des DASEN, rien ne garantit que ces conventions ne seront pas l’outil par excellence de l’offensive néo-libérale contre l’école rurale.

Le SNUipp en appelle à la volonté de tous, enseignants, élus, parents d’élèves, habitants pour le renforcement du service public d’éducation nationale dans les territoires ruraux, en lieu et place de sa destruction annoncée.


Sur le site du SNUipp 04 :

Rapport Duran et les engagements de l’État en matière d’école rurale (en pj)

Où en est-on dans les départements ? Tableau récapitulatif des premières mises en œuvre (en pj)

Schéma scolaire départemental : document édité par la DASEN en pj