Rendre à Christine Renon l’hommage qu’elle mérite.
Nous saluons la mémoire de Christine Renon, directrice d’école qui a signé une dénonciation précise et circonstanciée des conditions d’une rare violence institutionnelle dans lesquelles elle a dû exercer son métier avant de se donner la mort.
Toute l’équipe du SNUipp-FSU des Alpes de Haute Provence adresse ses plus sincères condoléances à la famille, aux amis et aux proches de Christine Renon ainsi qu’à nos camarades du SNUipp 93.
Christine Renon s’est suicidée dans l’école maternelle dont elle était la directrice. Et les lettres qu’elle a envoyées laissent peu d’ambiguïtés sur ce qui a suscité son geste fatal…
le SNUipp-FSU invite les personnels des écoles à rendre hommage à Christine Renon jeudi 3 octobre à l’occasion de ses obsèques.
Communiqué national:
La disproportion entre la demande de minute de silence à effectuer lundi en hommage à Jacques Chirac et le silence assourdissant de l’Éducation nationale autour du décès de notre collègue Christine Renon est choquante.
Un simple tweet ministériel pour une victime de souffrance au travail contre une interprétation maximaliste de la circulaire du Premier ministre évoquant la possibilité, et non l’obligation, pour les agents des services publics, et non les usagers que sont les élèves, d’assister à un hommage à l’ancien Président.
Pour le SNUipp-FSU, ce moment de recueillement pour Jacques Chirac doit être laissé à l’appréciation des enseignantes et enseignants et ne doit pas concerner les élèves de primaire.
Face aux carences du ministère, le SNUipp-FSU invite les personnels des écoles à rendre hommage à Christine Renon jeudi 3 octobre à l’occasion de ses obsèques et du CHSCT départemental spécial de Seine-Saint-Denis.
Un hommage qui peut se décliner par de multiples initiatives locales.
Un hommage également pour exiger une toute autre qualité de vie au travail, pour refuser que le travail engendre des situations de souffrance au quotidien et dénoncer les prescriptions et autres injonctions qui vident le métier enseignant de son sens, afin que ce drame ne se reproduise plus.
La mission de direction d’école s’est complexifiée ces dernières années notamment par des injonctions hiérarchiques, parfois contradictoires, de plus en plus déconnectées du travail de terrain et l’alourdissement des tâches dévolues à cette mission.
La désorganisation des nominations des collègues dans les écoles, suite de nouvelles dispositions imposées par le ministère, n’a pas permis une rentrée aussi sereine que veut bien le faire penser le ministre. La solitude de la mission de direction d’école dans les tâches quotidiennes administratives et organisationnelles qui s’accumulent devient, au fil des années insupportable.
Le manque de formation et d’accompagnement pour les directrices et les directeurs d’école lors de la gestion de situations de crise renforce le sentiment de solitude face à des décisions impactant familles, élèves et collègues.
Les directives ministérielles, rectorales et académiques se superposent, sans jamais faire le lien avec les professionnels de terrain pour les mettre en cohérence, en vérifier la faisabilité … Cette marche forcée de réformes rejetées par la profession, via les instances paritaires ministérielles comme académiques ou départementales, contraint de nombreux collègues à mettre en œuvre sous la pression hiérarchique des mesures qui heurtent leur professionnalité, voire qui bafouent leurs valeurs humaines et professionnelles.
Le ministre dans ses communiqués continue néanmoins à parler du bien être des enseignants en restant sourd et aveugle face à leurs conditions de travail sans cesse détériorées.
Avec 39 cas pour 100 000, le taux de suicide est 2,4 fois plus élevé parmi les enseignants que pour la moyenne des salariés.
Mais l’Éducation Nationale se tait.
Une des lettres de Christine Renon
Lettre du SNUipp93 au Recteur de Créteil