Depuis la rentrée 2020, le ministère expérimente dans des classes de CP la méthode de lecture « LEGO je décode ».
Ce faisant, Jean-Michel Blanquer avance dans ses tentatives d’imposer une méthode unique inspirée des méthodes syllabiques d’antan, colorée de neurosciences.
Imposer une méthode découle d’une vision erronée et étriquée du métier d’enseignant considérant les PE comme des exécutants et non pas comme des praticiens qui réfléchissent et font des choix parmi les outils à leur disposition. Philippe Meirieu évoque ainsi un danger de « prolétarisation du métier ».
Pourtant, la recherche « Lire et écrire au CP » a montré que ce sont les compétences du maître et de la maitresse qui comptent le plus.
La variable « manuel » n’est pas pertinente, probablement parce que l’usage d’un manuel est très différent selon les enseignant·es.
Le ministère n’impose pas encore une « méthode de lecture » mais continue de rogner la liberté
pédagogique déjà bien entamée avec la multiplication de guides et de nombreuses prescriptions descendantes. Sans compter l’impact des évaluations standardisées sur les pratiques pour mettre les élèves en situation de les réussir. La diffusion gratuite d’une méthode officielle focalisée sur le décodage
poursuivrait dans cette voie tout en creusant les inégalités scolaires car l’accès à la lecture experte,
basée sur la compréhension, est l’une des principales clés de la démocratisation scolaire.

4 pages: « Lecture: vers un manuel ministériel ? »